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Les armes

La pratique des arts martiaux historiques européens fait appel à une grande variété d'armes de tous types, longueurs ou époques. De tous les arts martiaux, il s'agit du domaine dans lequel ces dernières sont le plus variées.

Ne s'agissant pas d'armes tranchantes, on parlera de "simulateurs" afin de désigner ces objets.

Au sein de LAMHE des Mauges, vous serez amenés à manier les simulateurs suivants:


L'EPEE

 

 

Même s'il n'en est pas expressément fait mention, l'épée utilisée par Fiore dans la réalisation des techniques est une épée bâtarde.
Il s'agit d'un type d'épée longue courant dans l'Europe du Moyen-Age à partir de la fin du XIIIème siècle, possédant une longueur de lame à mi-chemin entre l'épée maniée à une main et l'épée longue en tant que telle. Maniée généralement à deux mains, elle a toutefois la particularité de permettre à son porteur de lâcher une main afin de venir porter un coup et/ou exécuter une clé aux articulations et ce, sans perdre de force dans le poignet lorsque l'on vient contrer la lame adverse. De nombreuses techniques permettent de démontrer cet état de fait.

En AMHE, la matière de l'arme utilisée diffère selon le niveau d'expérience du pratiquant.

Après l'usage, à l'époque, de simulateurs en bois, nous travaillons aujourd'hui avec des matières autrement plus modernes et résistantes, telles que le polypropylène ou le nylon.

Outre les questions d'ordre budgétaires, les pratiquants débutants utilisent ce genre d'armes le temps d'acquérir le niveau nécessaire pour développer leur appréciation des distances, leur maîtrise de lame et leur précision de frappe. 

Lorsque le pratiquant a atteint le niveau nécessaire, il peut ensuite utiliser des modèles d'épée en acier, à pointe souple, très proches des sensations que l'on peut éprouver en maniant une arme tranchante.

 

Les techniques travaillées permettent d'utiliser l'épée de différentes manières couvrant chacun des deux aspects du combat que sont le jeu large et le jeu étroit.

La partie concernant les combats à grande distance (zogho largo) présente 20 jeux permettant de contrer les coupes et les poussées adverses, mais également de raccourcir les distances en toute sécurité afin de se prémunir d'une attaque.

Vient ensuite le jeu fermé (zogho stretto) comprenant 30 jeux supplémentaires détaillant un grand nombre de clés articulaires, de prises et de projections présentées dans les enseignements de la dague, ainsi que des techniques de coups utilisant le pommeau et des désarmements spécifiques.

 

LA LANCE

 

 

La lance  (lanza ou lancia) est une arme relativement simple, composée de trois parties: la pointe (ferro ou pica), la hampe (l'asta) et le talon ou le pied (pedale). Au XIVème siècle, le fer de lance est généralement en acier trempé et d'un fort bon tranchant.

Il s'agit là d'une hampe en bois de diamètre varié, dont la longueur peut parfois atteindre 1m80, surmontée d'une pointe en caoutchouc souple ainsi que d'un talon, lui aussi en caoutchouc.

On frappe essentiellement d'estoc. Il s'agit de l'arme idéale afin d'appréhender la prise de l'axe central depuis une longue distance.

LA DAGUE

 

 

De touts les types de dagues en usage durant le Moyen-Age, la dague à rouelles est certainement le plus dangereux.

Il s'agit d'une arme d'appoint utilisée par les hommes d'armes européens au cours du XIVème siècle. Non tranchante, elle possède toutefois une lame très effilée et extrêmement pointue afin de pouvoir passer entre les défauts de l'armure adverse.

 

Vers la fin du Moyen-Age, nombre de soldats sont au moins équipés de protections corporelles comportant de la maille (anneaux d'acier préservant des coups tranchants), et les bourgeois fortunés font usage de protections corporelles individuelles dissimulées sous leurs vêtements afin d'éviter les guet-apens et autres coupe-jarrêts.

 

Aussi la dague à rouelle devint-elle très populaire, en ce sens où elle permettait de passer au-travers de toutes ces protections. Au lieu de menacer et d'entailler, on en vient à percer.

Ces armes causaient des blessures bien souvent mortelles puisque profondes et donc impossibles à soigner avec la médecine de l'époque. On frappe principalement d'estoc, en visant les points vitaux du corps.

Redoutée dans toute l'Europe, cette arme de corps à corps est synonyme d'assassinat, de fourberie et d'absence de pitié.

 

Chez Fiore dei Liberi, le combat à la dague s'appuie directement sur les leçons de l'abrazare et constitue la plus grande section de chacune des différentes copies du manuscrit. Les presque 80 "jeux" ou techniques qui englobent la section dague sont organisés en neuf chapitres présentant des solutions de défense spécifiques contre un type d'attaque particulier.

Toutes les techniques de dague sont construites autour de cinq principes:

  1. Désarmer (disarmato)
  2. Frapper (ferrire)
  3. Lier par des clés (ligatura)
  4. Briser les membres (rompere)
  5. Projeter (mettere in terra)

La combinaison de ces cinq principes permet d'introduire un programme complet visant à neutraliser une attaque au couteau par la réalisation de techniques verrouillant les articulations, créant des projections ou toute une série de désarmements qui seront ensuite utilisés non seulement en combat rapproché mais aussi avec des armes plus longues, telles que l'épée.

 

LE BASTONCELLO

 

 

A la manière des matraques télescopiques en usage à notre époque, le bastoncello est un petit bâton utilisé pour la défense personnelle.

Pas plus long qu'un avant-bras, il était porté dans certaines cités italiennes, au sein desquelles le port d'armes était strictement prohibé.

Ainsi en est-il par exemple des états pontificaux, mais d'autres sources du XIVème siècle en font également mention au sein de la république de Venise ou à Gênes.

 

En plus des rares iconographies nous montrant des civils ou des chevaliers en arborer, certaines hypothèses tendent à assimiler le bastoncello à des sortes de faisceaux de licteurs, d'étuis portant missives ou encore à des sceptres.

Fiore lui même avoue dans son ouvrage que les techniques montrées au petit bâton peuvent également se faire avec un chaperon (sorte de capuchon tombant sur les épaules) ou une simple corde.

MAINS NUES (LUTTE FRIOULANE)

 

 

Même si l'appellation n'est pas officielle, on pourrait qualifier le style de combat à mains nues décrit dans le Flos Duellatorum de lutte frioulane.

 

Il s'agit d'un ensemble de 16 techniques, ou "jeux", visant à se défendre de saisies au corps (cou, épaules, bras, taille, jambes) en faisant usage de clés aux articulations et de points de pression. Comportant très peu de percussions, ce système consiste principalement à déséquilibrer l'agresseur par des pressions sur certains points du corps afin de faire jouer la biomécanique naturelle. Les prises, le verrouillage des articulations par l'usage de clés et les projections faisant partie intégrante de cet art, il s'agit davantage d'une lutte de soumission.

 

Dans une optique de sécurisation maximale lors de la pratique, les assauts se font de manière ludique, sur tapis de chute, et le point peut-être acquis de deux manières: dès lors que l'adversaire pose un genou au sol ou en le faisant sortir du tapis (par poussée, rotation ou traction).

 

A noter qu'il n'y a aucune poursuite au sol lorsque l'adversaire est à terre dans ce type de lutte. De même, il n'est pas nécessaire de savoir chuter, comme dans d'autres styles de combat au corps à corps.

 

AUTRES TRADITIONS

 

 

Même si nous nous sommes spécialisés sur l'art transmis par Fiore dei Liberi, nous ne sommes pas fermés au maniement d'autres traditions ou écoles éventuelles. Selon l'expérience et la motivation de chacun, l'étude d'autres courants et/ou doctrines est possible.

Ainsi avons-nous été amenés à pratiquer le combat à la faucille ainsi que le bâton, selon les écrits de Paulus-Hector Mair.

Ces techniques, datées aux alentours de 1550, sont donc postérieures à Fiore de plus d'un siècle et demi!

 

Paulus-Hector Mair (1517-1579) était un fonctionnaire souabe (ancienne province d'Allemagne) attaché au service de la ville d'Augsbourg. Pratiquant d'arts martiaux, il a compilé énormément de techniques en usage à son époque dans son pays, réalisant par là-même le plus bel ouvrage martial conservé jusqu'alors. Ses deniers personnels ayant été engloutis pour cette entreprise, il détourna des fonds municipaux en puisant dans la trésorerie afin de faire terminer son ouvrage. Le méfait ayant été découvert suite à enquête, il fut jugé au terme d'un procès puis pendu.


COMBAT FEODAL

 

 

Ce terme regroupe toutes les formes de combat issues de la féodalité.

 

Contrairement aux manuels de la fin du Moyen-Age décrivant plus ou moins précisément les techniques martiales, le combat féodal n'est désigné en tant que tel dans aucun support à l'écrit.

 

Le travail d'interprétation du geste est donc ici beaucoup plus important!

Les techniques obtenues sont le résultat de comparaisons et de croisements avec d'autres domaines tels que la paléographie (étude des écritures anciennes) ou l'anthropologie (étude des sépultures) et le processus d'analyse des sources ainsi que la recréation qui en résulte ont pour but d'amener à une appropriation du geste au plus près de la réalité historique.

Ce processus de recherche, qui tient là une place prépondérante, est au coeur même des arts martiaux historiques européens!

 

On trouve de nombreuses informations sur cette forme de combat jusqu'en 1325 (voire 1350!), notamment dans l'iconographie du Moyen-Age ainsi que dans certains romans courtois.

 

En somme, le combat féodal concerne principalement les techniques menées à l'écu/épée ou à l'écu/lance sur la période 1070/1130 à 1275/1300.